petits carnets de pêche
chroniques en vrac plus ou moins halieutiques
les bananes, les soldats et la rivière
Le Jourdain prend sa source au Liban, traverse le Lac de Tibériade et vient se perdre dans la Mer Morte. Son cours suit l’une des failles les plus profondes de la planète au nord de la Mer Rouge, extension océanienne du grand rift africain et ligne de fracture entre la plaque arabique et la plaque africaine. La Mer Morte au centre de la faille en est le point le plus bas, plus de quatre cents mètres en dessous du niveau de la mer et vingt kilomètres de profondeur. Le Jourdain constitue donc l’unique et indispensable source d’alimentation en eau douce de la Mer Morte mais aussi des populations riveraines, Jordanienne, Palestinienne et Israëlienne.
Le Jourdain marque aussi d’autres fractures, politiques cette fois. Le tracé de la frontière entre Israël, sur la rive droite, et la Jordanie, sur la rive gauche suit très exactement son cours. Il borne aussi l’enclave Cis-Jordanienne dans sa partie orientale.
Le débit du fleuve, surexploité sur tout son parcours entre le Lac de Tibériade et son embouchure, atteint aujourd’hui des niveaux si bas que sa survie à quelques décennies est désormais en cause. Par voie de conséquence, la Mer Morte, soumise elle aussi à une exploitation intensive, est également menacée de disparition pure et simple. La surface de la mer Morte a été réduite d’un tiers en l’espace de trois décennies. Le débit du Jourdain ne dépasse plus 1 milliard de mètres cubes d’eau douce contre 13 milliards il y a soixante ans. Israël détourne 60% dex eaux du fleuve en aval du Lac de Tibériade (Mer de Gallilée pour les Israëliens) pour irriguer des milliers d’hectares de bananeraies et d’orangeraies.
la zone d’irrigation au Sud de Tibériade.
La Jordanie et la Syrie plus au Nord surexploitent de leur côté l’unique affluent du Jourdain le Yarmuk (creusement d’un canal de dérivation vers la Jordanie et construction de soixante barrages côté syrien). Enfin, le bassin du fleuve, zone militarisée par Israël et la Jordanie, ne fait l’objet d’aucun entretien.
bassins d’exploitation au Sud de la Mer Morte
La mer morte dont l’alimentation en amont est compromise subit, en aval, une exploitation massive de ses ressources : brome, magnésium et chlorure de potassium. L’évaporation induite est telle que son niveau global baisse de 1 m par an.
Deux solutions ont été avancées pour résoudre la crise hydrographique majeure qui menace la zone : creusement d’un canal au Nord, de la Méditerranée jusqu’à la Mer Morte ou creusement d’un canal au Sud, de la Mer Rouge (Aqaba) à la Mer Morte. Cette deuxième solution est retenue par les accords d’Oslo et a reçu l’aval de la communauté internationale et l’accord de principe de la Jordanie et d’Israël. Mais tout le monde n’est pas d’accord, à commencer par les scientifiques locaux qui soulignent que la Mer Morte doit être alimentée en eau douce. L’apport d’eau salée prévue par le Canal de la Paix bouleverserait radicalement son écosystème et risquerait d’entraîner la prolifération incontrôlable d’algues et de nitrates. Mais surtout, cette solution ne résoudrait en rien la question du Jourdain et du maintien de la ressource en eau douce au Nord de la mer Morte. Bien au contraire. Le risque de salinisation induite du bassin du Jourdain n’est pas négligeable.
Des gens des deux rives se battent sur place, ensemble. Ils tentent de promouvoir une exploitation et un aménagement raisonnés et coordonnés du fleuve en lieu et place des projets pharaoniques, inaptes à résoudre les problèmes posés, qui consacrent les divisions sans chercher à les dépasser. Ils se sont regroupés au sein de Friends Of Earth in the Middle East (FOEME)
Tibériade
Tibériade. - Ville du Nord d'Israël On doit aussi à l'école rabbinique de Tibériade le système de notation des voyelles employé encore aujourd'hui pour le texte biblique et connu sous le nom de vocalisation masorétique. On cite parmi les docteurs ayant vécu dans cette ville les rabbins Akiba et Maimonide qui ont leurs tombeaux à quelques kilomètres vers le Sud. Khosroès prit Tibériade en 614, et les Arabes en 637. Elle fut donnée en fief à Tancrède et l'ancien évêché rétabli. Prise par Saladin en 1187, après la bataille de Hattin ( Au XVIIIe siècle, ses fortifications furent restaurées par le gouverneur Zâhir el-Omar. Un tremblement de terre, en 1837, la détruisit presque entièrement. Les ruines de la ville antique sont au Sud du bourg actuel dont les murailles sont d'époque arabe. Là aussi sont des bains chauds très réputés contre les rhumatismes. L'eau, qui sort à 62°, contient du soufre et du chlorure de magnésium. - Le lac de Tibériade, avec les villes de Tibériade et de Capharnaüm. Source : Nasa. |